Même si les ETF sont des véhicules d'investissement sûrs, rien n'est sans risque lorsqu'on investit. Voyons quels sont les risques encourus par l'investissement sur ETF.
Points clés
- Rien n'est sans risque, les ETF non plus
- Le risque est principalement le risque du marché (les variations de prix)
- De manière générale, les risques spécifiques aux ETF sont faibles
- Les atouts des ETF pour maitriser le risque du marché font d'eux les meilleurs outils pour les épargnants
Le poids des ETF dans la finance mondiale
Avec 7 000 milliards de dollars d’actifs, les fonds négociés en bourse sont devenus des éléments importants dans la vie de nombreux investisseurs. Avons-nous identifié des risques liés aux ETF qui mettent ces actifs en danger ? Certains ont qualifié les ETF d’« armes de destruction massive » parce qu’ils les ont estimés comme responsables de mini krachs boursiers.
Mais si les ETF ont été impliqués dans ces perturbations, la cause est à chercher ailleurs. En réalité, ils ont subi des événements qui échappent à leur contrôle. Si quelques investisseurs en ETF ont subi des pertes, ils peuvent s’en protéger à l’avenir.
Les risques de marché
Le risque de marché représente le premier risque à maîtriser pour les investisseurs. Les marchés financiers montent et baissent. Bien qu’ils soient moindre que pour les actions directes, les ETF sont exposés aux mêmes risques que l’ensemble des actifs qui le composent, notamment des actions. Ils ne sont qu’une enveloppe composée d’actifs plus ou moins risqués.
Par exemple, si vous achetez un ETF dédié à une cryptomonnaie, comme celui sur le Bitcoin, vous aurez une volatilité très grande.
Les risques spécifiques aux ETF
Le risque d’enveloppe
La quantité d’ETF disponibles sur le marché augmente. Rien que sur le marché européen, leur nombre dépasse les 2000 ETF UCITS.
Les investisseurs ont l’embarras du choix, au point que la sélection de ses ETF devient méthodologique.
Certains ETF couvrent des secteurs de niche ou une part précise d’un secteur économique.
Face à ces nombreux choix, un investisseur imprudent peut investir sur des actifs subtilement différents de son intention originale.
Par exemple, deux ETF investis sur le secteur des biens de consommation peuvent rendre des performances bien différentes selon qu’ils sont concentrés sur les biens de luxe ou le secteur automobile.
Tracking Error
Observez le comportement des performances des ETF sur CAC 40 face à la courbe verte représentant l’indice CAC 40. La différence, c’est ce que l’on appelle le tracking error ou différence de suivi.
Le risque d’un portefeuille est souvent mesuré par rapport à un indice de référence. Le tracking error est une mesure couramment utilisée pour évaluer les performances d’un investissement. Il montre la cohérence d’un portefeuille par rapport à son indice de référence, sur une période donnée.
Même les portefeuilles parfaitement indexés par rapport à un indice de référence se comportent différemment de celui-ci. Cette différence peut être très faible. Pour quantifier cette différence, on utilise le tracking error.
Un tracking error trop élevé représente un risque pour votre portefeuille. Au fil du temps, la perte peut être importante, comparativement à la performance d’un portefeuille sans tracking error.
Liquidation de l’ETF
Le marché des ETF présente une pléthore d’offres. Certains ETF populaires rassemblent beaucoup d’investisseurs et de flux d’investissements.
D’autres sont ignorés, soit parce qu’ils sortent des radars, soit parce qu’ils n’intéressent pas les investisseurs.
Lorsque les investisseurs se désintéressent d’un ETF, son actif sous gestion devient trop faible pour atteindre un niveau de rentabilité positif. En effet, les revenus d’un ETF sont proportionnels à son encours puisqu’ils proviennent des frais de gestion.
Les sociétés mères peuvent alors décider de liquider (fermer) l’ETF. La fermeture d’un ETF n’a rien de dramatique pour vos investissements.
L’ETF entre dans une procédure de liquidation judiciaire standard. Les actifs sont vendus puis reversés aux actionnaires-investisseurs de l’ETF.
Les investisseurs reçoivent une somme identique, à peu de choses près, à la valeur de l’ETF. Aucune perte d’argent n’est constatée dans une très grande majorité des cas.
Toutefois, si vous craignez une perte, il reste possible de revendre l’ETF lors de l’annonce de sa liquidation, avant que celle-ci ne soit effective.
Appréciation générique du prix des actifs sous-jacents
On sait comment fonctionnent la majorité des ETF : ils sont passifs et reconstituent leur indice de référence.
Leurs règles d’investissement reposent uniquement sur une répartition cible des actifs sous-jacents du portefeuille afin qu’elle corresponde à celle de l’indice suivi.
Autrement dit, le gérant d’ETF va acheter des titres A, B et C indépendamment de leur valeur intrinsèque.
Une situation où une grande majorité des investissements se tournent vers l’investissement passif indexé est crainte par certains analystes.
Si une majorité d’investisseurs détiennent des ETF et ne négocient pas les actions individuelles qui y figurent, la détermination des prix des titres individuels qui constituent et indexent les ETF tendrait à moins d’efficience.
Ces flux d’argent en provenance des ETF arrivent sur les actifs, quelle que soit leur performance économique. Or ce qui doit fixer le prix d’un actif, c’est la confrontation d’une offre et d’une demande avertie.
Autrement dit, si le poids des ETF dans la capitalisation boursière mondiale prenait trop d’ampleur, nous ferions face à un marché qui achète ou vend des actifs sans distinguer celui qui crée le plus de valeur qu’un autre.
Actuellement, les ETF représentent environ 12 % de la capitalisation boursière mondiale. Nous sommes encore loin d’une influence trop importante des ETF indiciels.
De plus, le marché étant tel qu'il est, des anomalies de valorisation seraient rapidement comblées. Si les investissements sur des fonds indiciels déséquilibrent la valorisation boursière d’un actif par rapport à sa valeur intrinsèque, certains investisseurs se saisiraient de cette opportunité d’investissement. Leur arrivée permettrait alors de retrouver une valorisation plus en cohérence.
Le risque de contrepartie
Parfois, la construction des ETF intègre une contrepartie. Cette dernière joue un rôle dans la valorisation des actifs de l’ETF et donc directement dans leur performance.
Les ETF synthétiques nécessitent une contrepartie pour leur SWAP. Les ETF physiques pratiquent souvent des activités de prêt de titres, avec une contrepartie.
Certains alarmistes aiment faire peur quant au risque de ces activités pour la solidité des ETF. En pratique, il n’en est rien. Ces activités sont maîtrisées, sûres et transparentes.
Non seulement elles ne concernent jamais plus de 10 à 20 % des actifs de manière ponctuelle (en général, le risque de contrepartie varie entre -2 et +5 %), mais en plus ce risque est garanti par une autre partie, à plus de 100% de sa valeur.
Les véritables risques de contrepartie se situent dans les ETN, qui sont une sorte d’ETF. Les ETN ne sont pas des fonds d’investissement, mais des titres de créance garantis par une banque sous-jacente. Si la banque fait faillite, vous perdez tout.
Un risque systémique ?
Définition du risque systémique
Un risque systémique représente une contagion réelle d’une crise des marchés financiers vers l’économie réelle. Cela entraîne des pertes matérielles, du chômage, une augmentation de la pauvreté, etc.
Les ETF peuvent-il être la cause d’un risque systémique ?
Devant la popularité grandissante des ETF, les experts débattent sur leur rôle dans une crise financière.
Les ETF ont une influence proportionnelle à leur capitalisation boursière mondiale. Plus leur capitalisation boursière augmente, plus leur influence sur les mouvements des marchés grandit.
En conséquence, ils auraient tendance à amplifier les mouvements de marché et créer des incohérences de valorisation des actifs sous-jacents.
À condition que cette amplification de mouvement soit démontrée, les ETF augmenteraient le risque systémique d’un krach boursier, mais n’en seraient pas la cause.